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litteraure et poésie familiale

13 avril 2020

première histoire

La terre, en ce temps là n'était qu'une petite planète du système solaire, sèche et rocailleuse, balayée par des vents brûlants et de régulières tempêtes de sable. Les organismes vivants qui avaient survécu à la surexploitation des ressources et aux contaminations chimiques étaient disséminés çà et là. Certains avaient montré une capacité d'organisation. La couverture végétale du globe était réduite à quelques colonies de buissons épineux ou de lichens. Les seules espèces animales significativement représentées étaient les criquelles : des insectes à forte carapace, capables de voler et sauter, des rongeurs grisâtres de la taille de petits rats assez longs et fins, et des hommes. Hormis ces derniers, aucun n'avaient eu d'existence avant le grand cataclysme écologique du vingt et unième siècle. Tous par contre, avaient un point commun : la lutte pour leur propre survie.

La température du sable était telle, ce jour-là, qu'il était impossible d'y marcher sans protection, chaussures montantes, bottes, ou ces sortes d'emmaillotages liés, confectionnés à partir de chiffons et de ficelle. Les criquelles, qui ne pouvaient voler que quelques minutes entre chaque bond, n'attaqueraient que le soir. Les rats, eux, enfouis dans de profondes galeries, sortiraient plus tard encore.

Gwen compris qu'il ne trouverait rien : il décida de rentrer. De plus, le sable qui s'était introduit dans la jambière de son exosquelette lui avait provoqué une irritation. Aujourd'hui tout allait mal. Arrivé chez lui, il déverrouilla la porte, entra et la referma soigneusement. Chez lui ! Etait-il quelque part chez lui ? Pouvait-il appeler « chez moi » ce bunker trouvé par hasard, et dont il avait chassé les rats qui s'y étaient installés ? A qui, à quoi, était destinée cette construction de béton ? Pas à lui, certainement. Il testa l'éclairage de l'unique ampoule. Satisfait, il s'assit sur son lit, et entrepris de défaire son exosquelette. Satisfait ? Pas vraiment : d'où venait l'électricité ? Quelqu'un, quelque part faisait-il encore fonctionner un générateur, une usine, peut-être ? Cela prendrait fin un jour. C'est sûr. Un jour, il n'y aura plus d'ampule de rechange, ou bien les fils d'alimentation seront rongés ou détériorés. Ou le générateur tombera en panne, et personne ne sera là pour la maintenance.

«- Salut, Gwen ! » Une voix de crécelle.

Il sursauta.

«- Krik! Que fais-tu là ? Par où es-tu entré ?

- Par le conduit d'aération : tu l'avais laissé ouvert.

- Je ne veux pas que tu viennes ici (il avait failli dire « chez moi ») quand je n'y suis pas.

- Tu crois que tu as quelque chose à craindre de moi ? Tu crois que je peux ouvrir tout seul tes boîtes de nourriture ?

- Non mais tu pourrais appeler tes copains, et je me retrouverais envahi par des milliers de sauterelles !

- je ne suis pas une sauterelle ! Cria Krik . Les sauterelles, vous les avez exterminées.

- Ouais, et bien pour moi c'est pire ! Hurla Gwen.

Il regretta aussitôt ses paroles mais c'était trop tard.

Silence.

Krik ajouta :

- Et tu sais très bien que mes copains, comme tu dis, s'ils me trouvent, ils me livrent aux rats.

- Ok Ok. Désolé. En parlant de rat : t'as pas vu Grass ?

- Non. Trop tôt.

Gwen s'allongea sur son lit, les bras croisés derrière la tête. Il regardait fixement le plafond au dessus de lui. Tout à coup il dit, comme si c'était la suite de la conversation :

« - Je sors le VLA demain.

-Toi, tu as une idée derrière la tête. »

Silence.

Krik ajouta : « toujours la même, je suppose.

Gwen avait les yeux fermés. On eut dit qu'il dormait, mais il bougeait encore moins que quelqu'un qui dort.

Silence.

Tu vas prendre des risques pour rien. Où vas-tu aller ? Nord ? Sud ? Tu n'as aucun indice. Tu ferais mieux d'organiser ta vie ici.

Silence

Ils entendirent gratter sur le blindage perforé de la grille d'aération.

« C'est Grass, dit Krik : tu lui ouvres ? »

 

Gwen, lentement, se leva pour ouvrir la trappe dans le plafond, puis se laissa retomber sur son lit.

« Gwen, dit Grass, fais attention. A un kilomètre d'ici, les rats ont failli attraper un humain qui s'était réfugié à l'ombre dans les rochers. Il s'est enfui, mais il ne courait pas assez vite. Un peu plus de roches et un peu moins de sable, ils l'auraient bouffé !

-Je sais, dit Gwen. J'ai eu un problème avec ma jambière. Sinon, c'est moi qui mangeais du rat.

-C'était toi ! S'exclama Grass. Tu prends chaque jour plus de risques. Tu vas finir par te faire avoir. »

Silence.

Gwen avait de nouveau fermé les yeux.

« J'en ai marre de ce sable, de ces sauterelles, des  hommes embusqués et de ces rats infects ». Dit-il entre ses dents

- « Il veut sortir en VLA demain, ajouta Krik à l'attention de Grass

- Encore cette idée fixe! Je te dis que ça n'existe pas ! Il n'y a pas de mer ! La mer, ça n'existe que dans ta tête. Et il faut sortir ça de ta tête.

Gwen, les yeux fermés, voyait pourtant cette étendue d'eau. Il entendait le clapotis des vagues sur le rivage. Et ce bleu. Du bleu à perte de vue. Le bleu du ciel qui se fondait, à l'horizon au bleu de la mer.. Grass continuait à parler, mais Gwen n'entendait que le bruit des vagues.

Il faisait compètement noir, maintenant.

 

 

 

 

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